:: Les dimensions et le temps se sont figés, c'est en tout cas l'idée qui nous passe par la tête quand nous pénétrons dans le monde reconnaissable entre mille de la photographe Blacksshark. 
Ce sombre squale ne serait-il pas le symbole de racines-ronces tenaces qui voudraient s'enchevêtrer coûte que coûte autour de souvenirs et de valeurs, autour d'images qu’aujourd'hui on ne traite que comme des supports de messages quelconques, particulièrement publicitaires, les pires de tous ?
À part pour illustrer un projet artistique pur, alliant une ambiance, une certaine narration et la possibilité de la hanter de personnages hors-normes, une œuvre de Mylène évoquerait bien mieux le rêve. Dans ce qu'il a de plus mystérieux, beauté ou noirceur étant largement dépassées par l'établissement d’un univers unique au service d’un concept que la photographe choisit et sert avec soin sans se départir une seconde de son sens de l’intemporel et du bizarre.
Issue d'une longue lignée de photographes sans pour autant en avoir hérité la formation, cangue intolérable pour un esprit nécessairement libre, elle met en scène comme personne un monde qu’elle seule a vu en filigrane de ses modèles, un instantané suspendu en l’air, un flash mental, un poème digne de la xénoglossie. L’inné dit sans calcul, le réflexe d’une hypersensibilité face au devoir d’illustration, une compréhension au-delà de la simple interprétation, la passion dans la création ::
Guillaume Dumazer - Ecrivain & Rédacteur en chef de Nawakulture.fr

 

« Loin de ces trop nombreuses impostures que le domaine de la création artistique nous réserve hélas trop souvent, Mylène livre un travail puissamment évocateur et exigeant qui ne peut laisser indifférent. Son œuvre se nourrit d'imaginaire et de réel. Mais de cet imaginaire traversé par le rêve précédent le réveil et par des évocations tant solaires que telluriques. Et de ce réel que les sens, otages d'une époque désormais vouée au leurre, au tapage et à la gesticulation stérile, ne savent que difficilement percevoir. Bien que les choix de l'artiste n'aient rien d'anodin ou d'hasardeux, l'inspiration est toujours au rendez-vous et ne semble pas se limiter. Les dessins et peintures côtoient les différents aspects du mythe et recourent à des éléments que l'on devine souvent remontés, puisés, de l'aube ou de la nuit des temps, et qui portent l'empreinte d'une longue mémoire, la marque d'un sentiment d'appartenance. Les photographies se déclinent sur des thèmes qui traitent de l'essentiel avec une volonté affirmée de briser si nécessaire les tabous. L'harmonie, l'écologie, la nature profonde, la magie, l'industrialisation, la douleur, la folie : ce qui est exprimé ici nous instruit de manière déterminante sur un monde qui nous échappe et qui cependant nous habite. Métaphoriques, ces instantanés disent la vie dans ce qu'elle a de plus intense et de tragique. Sans doute faut-il savoir saisir les clins d'œil, les filigranes, les messages subliminaux qui émaillent les compositions de Mylène. Une seule visite ne suffit pas : on reviendra avec profit sur chacune d'elles pour en saisir le sens profond. Car ce qui est mis en scène est l'objet d'une rigueur et d'un professionnalisme étonnants. Le geste, l'expression, les objets, l'angle de vue, concourent à témoigner de la pertinence de ces représentations. L'imagination supplée l'imaginaire. Le réel se déploie dans le champ du possible. Et le talent commande à tout. »

B. Favrit, Ecrivain.